La junte militaire au pouvoir à Niamey a décidé de rebaptiser aux noms de personnalités nigériennes ou panafricanistes, plusieurs endroits historiques de la capitale portant jusqu’ici des noms évoquant la France, ancienne puissance coloniale.
Depuis hier mardi 15 octobre 2024, plus d’avenue Charles de Gaulle à Niamey. Elle devient désormais l’Avenue Djibo Bakary, en hommage au 1er maire élu de l’histoire de la capitale nigérienne et figure majeure de l’indépendance du pays. C’est tout un symbole car Djibo Bakary et son mouvement d’opposition, le Sawaba, avaient en effet livré de farouches batailles contre Jacques Foccart, conseiller Afrique du président Charles de Gaulle.
Dans sa déclaration lors de cette cérémonie, le colonel major Amadou Abdramane, ministre de la jeunesse et porte-parole du régime a fustigé le fait que : « la plupart de nos avenues, boulevards, rues (…) portent des noms qui rappellent tout simplement les souffrances et les brimades subies par notre peuple par l’épreuve de la colonisation. » Dans la méme lancée, le monument consacré aux morts des deux guerres mondiales devient Bubandey Batama (« A nos morts », en langue djerma), qui rend désormais « hommage à toutes les victimes civiles et militaires de la colonisation à nos jours ».
Dans certains cas, il n’y a pas que le nom qui a changé. Le portrait taillé dans un monument en pierre de l’explorateur français Parfait-Louis Monteil a été remplacé par une plaque à l’effigie de Thomas Sankara. L’ancien président du Burkina Faso, voisin, tué dans un coup d’Etat en 1987, est une figure du panafricanisme, dont le colonel Amadou a salué mardi la « lutte de libération » et « d’émancipation des peuples », qui « continue encore d’inspirer les populations ». Il faut rappeler que les nouvelles autorités du pays s’étaient empressées de changer l’hymne national écrit en 1961par le compositeur français Maurice Albert Thiriet.
Ce qui montre la ligne directrice que suit le Niger dans sa détermination à rompre tous les liens militaires, économiques, diplomatiques et culturels avec la puissance colonisatrice qu’est la France. Le Niger a expulsé les militaires français qui luttaient contre les djihadistes, expulsé l’ambassadeur français, et le centre culturel franco-nigérien a cessé de fonctionner en tant qu’établissement binational, étant renommé Moustapha-Alassane, du nom d’un cinéaste nigérien. La place de la Francophonie n’a pas échappé à ce nettoyage qui est renommée place de l’Alliance-des-Etats-du-Sahel (AES). Les Nigériens font un pas vers la décolonisation des consciences et mentalités pour aboutir à un véritable affranchissement des liens tributaires de la colonisations.

