Le militant panafricaniste Kémi Seba, a été informé qu’une procédure avait été engagée contre lui pour lui retirer sa nationalité française par un courrier du 29 février dernier. Dans un document qu’il a partagé sur sa page Facebook, on découvre qu’il est sous le coup d’une « procédure de perte de nationalité française ». Il est accusé d’avoir « une posture constante et actuelle résolument anti-française, susceptible de porter gravement atteinte aux intérêts français et de nature à caractériser une déloyauté manifeste » à l’égard de la France.
Il est reproché au fervent défenseur des droits des peuples noirs « des messages particulièrement virulents, voire outranciers, contre la France, ses représentants et ses forces militaires, incitant à la rébellion contre les autorités locales jugées proches des autorités françaises et portant régulièrement des accusations graves contre ces dernières ». Une démarche rendue possible grâce à l’article 23-7 du Code civil, qui mentionne que « le Français qui se comporte en fait comme le national d’un pays étranger peut, s’il a la nationalité de ce pays, être déclaré, par décret après avis conforme du Conseil d’État, avoir perdu la qualité de Français ».
Autrement dit un Sénégalais qui a la nationalité française ne peut se comporter comme un Sénégalais. Et pourquoi donc aucune de ce genre de procédure de retrait de nationalité n’a jamais été engagé contre certains présidents, ministres et hauts fonctionnaires africains qui se revendiquent de la double nationalité franco-africaine ? Il fallait pour la plupart qu’ils soient contraints de la faire s’ils voudraient être candidats à une élection présidentielle où la constitution impose une renonciation à la nationalité « étrangère ». Ailleurs, les constitutions sont silencieuses sur la question et on a des politiques de tout bord, jouir des avantages de la possession de la double nationalité.
Il faut comprendre par cette attitude que nos dirigeants tant qu’ils œuvrent et défendent bec et ongle les intérêts de la France, ils peuvent garder ce « trophée de reconnaissance pour loyauté et service rendu à la France ». La dernière illustration en date est la non validation de la candidature de Karim Wade à l’élection présidentielle au Sénégal par le Conseil Constitutionnel. Pendant toutes ses années de super-ministre, Karim Wade était toujours français. Ce qui ne posait aucun problème aux Français. Car il était « loyal » à la France. Et ils sont une pléthore de dirigeants africains dans ce cas.
Régissant contre la procédure de retrait de sa nationalité, le français d’origine béninoise, qualifie cette procédure de « réflexe négrophobe » et de « réaction profondément néocoloniale » et affirme qu’il considère cette démarche comme étant une « immense décoration de guerre ». « Vous ne comprenez donc toujours pas que plus vous me persécutez, plus mon message politique gagne en popularité, assure-t-il. Vous êtes tombés sur le mauvais Noir. »