Lors de son homélie du 1er janvier 2025, Mgr Barthélemy Yaouda Hourgo demande même au Diable de prendre le pouvoir à Yaoundé. Ces propos sont entendus dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux.
Si Mgr Barthélemy Yaouda Hourgo demande même au Diable de prendre le pouvoir à Yaoundé, c’est que « Paul Biya n’est plus l’homme de la situation. » Au pouvoir depuis plus de 42ans, et âgé de 92 ans, le président camerounais est vivement contesté par les prélats au Cameroun.
Les prélats camerounais ont toujours évité d’entrer dans les débats politiques. Mais, la situation économique et sociale du pays pousse aujourd’hui ces voix autorisées à s’exprimer avec une fermeté croissante. Ces derniers temps, les évêques du pays des Lions Indomptables montent en créneau contre le règne sans partage de Paul Biya.
En tête de file de cette fronde historique, Mgr Samuel Kleda, Archevêque métropolitain de Douala, qui a dénoncé une nouvelle candidature de Paul Biya et l’a sommé à « quitter le pouvoir » sur RFI. A Ngaoundéré, Mgr Emmanuel Abbo pointe du doigt le musèlement des citoyens qui selon lui est la plus grande souffrance.
« Qu’est-ce que les Camerounais n’ont pas encore enduré ? Comment est-il possible que le mal-être des Camerounais ne pousse pas les responsables de ce pays à mettre fin aux trop nombreuses souffrances ? » s’est-il interrogé.
« La plus grande des souffrances est qu’on interdit aux Camerounais d’exprimer leurs souffrances en promettant que l’État est un rouleau compresseur, un Moulinex qui réduit en pâte tout Camerounais qui osera exprimer sa souffrance. Qui va-t-on gouverner quand on aura broyé tous les Camerounais ? » va-t-il poursuivre.
C’est de façon plus radicale que Mgr Yaouda Hourgo, rejette Paul Biya. « On ne va pas souffrir plus que ça encore. On a déjà souffert. Le pire ne viendra pas. Même le Diable qu’il prenne d’abord le pouvoir au Cameroun et on verra après. » a-t-il déclaré. Ne pouvant plus supporter l’état de décadence dans lequel le régime a plongé le pays, il préfère voir le “Diable au pouvoir” plutôt que de prolonger cette gouvernance.
Ces déclarations fermes et tendancielles sonnent le glas d’une opposition frontale de toute l’église catholique contre la prolongation du régime de Paul Biya. L’église a pris position et invite ses fidèles « à prendre leur responsabilité » face à « cette catastrophe historique ».
Peut-on voir les jours à venir une coordination d’envergure nationale contre le « vieux » président camerounais qui a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2025 malgré ce lever de bouclier des évêques catholiques, principalement ceux du nord du Cameroun.
Image : camer.be