Pourquoi les dictatures finissent toujours par se faire renverser peu importe le temps qu’elles perdurent ? Cette question mérite d’être posée après la chute et la fuite du régime de Bachar Al-Assad en Syrie dimanche 8 décembre 2024.
La dictature de Bachar le Boucher, comme toute dictature, est un régime politique de confiscation et de concentration de tous les pouvoirs par un clan, où toutes les libertés sont bafouées et il n’y a aucune possibilité d’alternance pacifique au pouvoir. Leur fin est toujours, sinon presque, de la même manière comme elles sont arrivées au pouvoir la violence.
Un semblant de paix
« Un peuple est pacifique aussi longtemps qu’il se croit assez riche et redouté pour installer sournoisement sa dictature économique » écrivait Georges Bernanos. La dictature parvient à neutraliser les voies dissidentes. La stratégie consiste à, si elles existent, faire des élections, un moyen de renforcement de la dictature. Avec ces élections, les dictatures tranquillisent leur conscience par une opération de pseudo-légitimation du pouvoir. Le peuple et les voies dissentes rentrent dans le rang. Certains franchissent le pas, pour adhérer au parti au pouvoir afin d’éviter tout ciblage. On se réfugie dans le clan au pouvoir. Personne ne s’affiche plus opposant. 99% du peuple est du côté du régime à le constater par les résultats aux pseudo-élections ou élections fictives voire virtuelles.
Les traits de la dictature
Elle se caractérise d’emblée par la corruption et l’enrichissement sans cause de tous ceux qui gravitent autour du cercle du pouvoir. Qu’on soit au sein du noyau ou à la périphérie, chacun a droit à une prébende. Qu’il soit militaire u civile, la dictature est clanique voire ethnique et « caporalisé ». De ce fait, les opposants sont réduits au silence, emprisonnés et dépouillés. Pas de liberté d’expression ni d’association. Toute tentative dans ce sens se solde par la mort, la prison ou l’exil. Tout le monde est constamment surveillé et l’on se surveille les uns les autres.
La violence et la répression au rendez-vous
La terreur, le culte de la personnalité, l’allégeance au « chef » au nom de la « mangeoncratie », sont quelques-unes des marques de fabrique des dictatures. On les pense « invincibles », « intouchables », « incontournables », « redoutables », « omnipotentes », « très forts ». Les journalistes, les opposants, les citoyens qui ne font pas l’éloge de ces dictatures s’ils sont en vie, sont emprisonnés, contraints à l’exil, ou tenus à distance de tout. Les manifestations sont systématiquement interdites, ou réprimées violemment. Les prises de paroles publiques sont sanctionnées et censurées.
Et la fin les surprend
La célérité de la chute de Bachar le Boucher en Syrie, est un scénario d’un film très connu de la chute des dictatures. Pourquoi c’est souvent si soudain ? Treize ans après le déclenchement du « Printemps arabe » qui a conduit à la chute des régimes en Egypte (Hosni Moubarak), Tunisie (Ben Ali), Libye (Mouammar Kadhafi), Bachar qui a tellement résisté, a chuté et fui « son Damas ». Les soutiens de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah libanais a fait défaut dans les contextes de la guerre en Ukraine et de l’expédition punitive d’Israël contre le Hamas et le Hezbollah.
Les dictatures sont plus faibles que l’on ne l’imagine
Le pouvoir de la dictature « tient à quelques murs protecteurs, des palais, le culte de la personnalité, une loyauté sans faille, une police efficace, un système aux ordres. Une fois que ce qui aveuglait tombe, une fois que le mythe de la sacralisation de la personne du dictateur s’écroule, c’en est terminé pour la dictature. Elle puise sa force de la faiblesse du peuple comme l’affirmait Etienne de la Boétie dans Le Contr’un. Aucune dictature n’a de pouvoir que celui que lui donne le peuple. Et si cette dictature s’appuie sur les forces et les intelligences étrangères, celles-ci ne mourront pas pour elle à chaque instant. Ces forces étrangères vont se fatiguer et lâcher le dictateur comme on le voit dans le cas de Bachar al-Assad tout comme la chute du maréchal Mobutu Sese Seko au Zaïre (actuelle RDC).